Citation :

@lj
Like the leaf clings to the tree,
Oh, my darling, cling to me
For we're like creatures of the wind,
and wild is the wind
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Moses loucha sur la fiole de Whisky Pur Feu posée en équilibre au coin de la table voisine, puis son regard vint se poser sur sa propre boisson. Dans son verre, le fond de jus d'œillet lui parut soudain bien trop violâtre. Une bourrasque de vent s'engouffra dans le pub alors que trois sorcières pénétraient dans la salle, s'empressant de refermer la porte derrière elles. Au dehors les gens se hâtaient de rejoindre leur destination, sûrement de peur de s'envoler, tant le vent soufflait fort. D'habitude Moses aimait le mauvais temps. Elle aimait le vent, elle aimait la pluie et les nuages. Mais aujourd'hui le temps gris ne s'accordait que trop bien avec son humeur. Elle avait échoué l'extraction de pus de bubobulb en botanique, ce matin, manquant de peu d'en renverser sur une fille de sa maison. "Remarque, ça ne lui aurait pas fait de mal, à elle et à son acné", avait fait remarquer Arya, "la pauvre a plus de pustules sur la figure qu'un dragon n'a d'écailles". Mais après tout, Moses ne se souciait pas plus de ses résultats en botanique que des problèmes d'acné de ses camarades. Elle n'était juste pas dans son assiette ces derniers temps et les regards accablants des Gryffondors dans son dos n'arrangeaient pas l'affaire. Mais ce qui la tracassait surtout, ce qui lui rongeait l'esprit, remontait aux dernières vacances, depuis qu'elle s'était réveillée dans le lit de Diesel, après tout ce temps. Et surtout après une soirée généreuse en alcool. Elle n'avait pas encore osé en parler à Arya, elle était d'ailleurs incapable de décider si ça avait été une bêtise ou non. Savait-elle seulement où elle en était dans sa relation avec le garçon? Une chose était sûre, Arya était la dernière personne à qui elle pouvait demander confiance. Elle avait toujours eu le sentiment que son amie n'avait jamais approuvé le couple, même si elle n'avait pu trouver une chance de le prouver. 'Qu'est ce que tu fiches avec une garce comme Arya?' lui demandait-on souvent. Ce qu'elle faisait avec elle, elle se le demandait bien elle-même. L'hypocrisie et l'arrogance de son amie la rendait malade. Mais elle ne pouvait s'empêcher de voir derrière ces boucles blondes son amie d'enfance, riant aux éclats, encore insouciante. Change t-on réellement? Moses ne pouvait s'empêcher d'espérer que non, que cette Arya était toujours quelque part, profondément enfouie, peut être, mais toujours présente. À vrai dire, elle n'espérait pas, non, elle en était persuadée. Et elle n'était pas prête à lâcher l'affaire. Pour être honnête, Moses ne se sentait jamais de trop auprès de sa meilleure amie, ou du moins lorsqu'elles n'étaient que toutes les deux. Lorsqu'elles se retrouvaient toutes les deux, il lui arrivait de surprendre un éclat dans les yeux de la jeune Serpentard, un éclat lui rappelant la Arya qu'elle connaissait si bien et qui lui manquait terriblement. Et elle s'en fichait bien de ce que pouvait raconter les autres, elle ne vivait que pour retrouver cet éclat. Ou du moins c'était ce dont elle essayait de se persuader. Quoi qu'il en soit, cette journée ne s'était pas annoncée comme la meilleure et bien sûr c'était sans compter les serments moralisateurs de Marloe auxquels elle avait eu droit en le croisant à la table des Gryffondors, à l'heure du déjeuner. Au moins, elle avait, jusque là, réussi à éviter les ennuis, mais quelque chose lui disait qu'ils n'allaient pas tarder. C'était ce qu'elle s'était dit en passant la porte des Trois Balais, percutant de plein fouet son professeur de potions, et quand la serveuse, un peu pataude, avait renversé son jus d'œillet. Oui, aujourd'hui n'était pas un bon jour. Elle martela le fond du verre de sa cuillère, avec mauvaise humeur. En face d'elle Arya leva un sourcil, d'un air inquisiteur. Moses eut l'envie soudaine de lui balancer le peu de jus qui restait au fond du verre, mais elle savait pertinemment qu'elle viendrait vite à regretter son geste, et se contenta de serrer les dents. Les deux amies s'étaient retrouvées en fin d'après midi à la chaleur du vieux pub, autour d'un verre. Arya en avait eu l'idée et si Moses avait discrètement essayé d'éviter de se retrouver en tête à tête avec son amie ces derniers jours, elle savait très bien qu'il y avait des limites à la patience de la Serpentard. Elle observait Arya du coin de l'oeil depuis qu'elles s'étaient installées autour de la petite table. Elle l'observait adresser des petits sourires hypocrites aux visages familiers qui passaient près d'elles, mais ce qu'elle voyait surtout c'était le coin de ses lèvres qui tremblait sous l'effort, tellement elle répugnait à montrer, ne serait-ce q'une once de sympathie à ce qu'elle considérait comme des moins que rien. À vrai dire Moses n'avait pas besoin d'observer le coin de ses lèvres pour connaître le fond de sa pensée. Autant préférait-elle se montrer tout sourire, aussi vrai soit-il, devant les autres élèves, autant Moses avait le droit à sa véritable vision des choses. "T'appelles ça une robe de sorcier?" s'indigna t-elle alors qu'une troisième année passait devant elles. "Elle est fagotée comme un as de pique. Elle se serait taillée un habit dans un sac poubelle qu'on ne verrait pas la différence" gloussa t-elle comme le ferait une petite fille de dix ans devant un épouvantard passé sous le sort 'Riddikulus', alors que la pauvre petite sorcière disparaissait au coin du comptoir. "Au moins elle est habillée, elle", fit remarquer Moses. Son regard se porta sur le décolleté plongeant de la chemise de son amie, style vestimentaire qu'arboraient particulièrement la gente féminine de Serpentard, avant de lever les yeux sur Arya, curieuse de voir sa réaction. L'air ahuri de la Serpentard lui apporta une agréable sensation. Elle dut se mordre discrètement la lèvre pour s'empêcher de sourire et porta son verre à sa bouche, sirotant le fond de son jus d'œillet avec satisfaction. Elle savait qu'elle devait savourer ces quelques secondes de jubilation, avant que Arya ne revienne à la charge.